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Saint-Pol-Roux & André Antoine : l'amitié de deux citoyens de Camaret (III)

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SAINT-POL-ROUX & ANTOINE, SCÉNOGRAPHES DE CAMARET

Néanmoins, Antoine et Saint-Pol-Roux collaboreront ensemble à d’autres projets scénographiques, non plus parisiens, mais camarétois. Nous en retiendrons deux, que la correspondance permet d’éclairer, et particulièrement symboliques des relations des deux hommes avec leur port d’adoption. Le premier concerne la réalisation de cette belle légende que tous les habitants de Camaret connaissent, celle de Saint-Pol-Roux incarnant, le 25 décembre 1909, le Père Noël, sous les traits duquel il vint offrir des jouets aux enfants. La veille, ces derniers avaient pu lire ce célestogramme, signé par l’illustre bonhomme :
Mes chers enfants, apprenant votre souhait de ma venue en vos écoles le jour qui porte mon nom, je souscris avec joie à ce vœu gracieux. Donc, prière à vous tous, filles et garçons, de m’espérer sur le quai – chacun une branche de pin, de houx, de laurier, de tamaris ou de genêt à la main – vers trois heures un quart de l’après-midi, ce présent samedi vingt-cinq décembre de l’an mil neuf cent neuf : chiffre de mon âge. Ma hotte merveilleuse sur l’échine, j’arriverai par mer, par terre ou par ciel. Gloire aux enfants de Camaret !
Le poète ne pouvait ignorer le désir des petits Camarétois puisqu’il avait été nommé deux ans auparavant délégué de l’Enseignement primaire pour le canton de Crozon et qu’il prenait ce rôle très à cœur. Pour sa noble imposture, Saint-Pol-Roux bénéficia de l’aide logistique de son ami Antoine à qui il avait écrit le 14 décembre :
Mon cher Ami, […] j’ai formé le puéril projet, à l’occasion de la Noël, d’offrir agrès de gymnastique et jouets aux enfants des Écoles de Camaret et de les leur distribuer "sous les apparences" du Père Noël arrivant sur une barque – avec poëmes à l’appui, etc… Faut bien amuser les gosses, surtout quand on a assumé la naïve et charmante fonction d’être leur officiel délégué. Père, tu me comprendras. Donc il me faudrait un costume de Père Noël (soit un long bonnet à poils ou bien une tiare de grand-prêtre, et une robe de bure ou une simarre d’astrologue azur, selon que tu décideras un Père Noël réaliste ou de légende). Plus une perruque blanche, sans front autant que possible (pour éviter trop de maquillage en plein jour sur le quai), et une très longue barbe blanche de burgrave. Or je compte sur ta bienveillance pour mettre à ma disposition ce costume et ces postiches que je te renverrais en colis postal, dès la cérémonie finie. Je ne trouverai jamais ça à Brest. Bien entendu, je paierai les frais de location que tu fixeras. Si tu peux, envoie le tout en colis postal […] et ce le plus tôt possible. Sinon veuille me télégraphier : impossible. Car je ne voudrais pas décevoir les enfants. Tout cela, entre nous, confidentiellement, comme il sied entre gensss de théâtre !..
Bien entendu, Antoine ne manqua pas de fournir le costume et les postiches et Saint-Pol-Roux fut un merveilleux Père Noël dont le souvenir resta longtemps gravé dans le cœur de Camaret. C’était un geste de poète et d’homme de théâtre, comme on l’a lu, mais d’un dramaturge qui considère son art comme en prise directe sur la vie et sur son public, muant celui-ci en participant actif. Cette initiative contribua très-certainement à l’intégration de "Monsieur Saint-Pol" dans la population camarétoise, et deux ans et demi plus tard, il fut sollicité pour organiser la fête des Régates, dont il fit une somptueuse commémoration de la Victoire du 18 juin 1694 contre les Anglais. Là encore, avec l’aide d’Antoine, qui insista pour rester dans l’ombre et à l’écart, allant jusqu’à reprocher à son ami, le 26 juillet 1912, d’avoir éventé son concours :
Tu sais déjà mon ferme propos de ne me mêler jamais des affaires du village. Je ne suis pas comme toi citoyen d’ici, et je reste un étranger. Je pense que pour nous autres, visiteurs d’été, ne jamais intervenir dans leurs affaires, est la meilleure façon de vivre en paix. Cela m’a fort bien réussi jusqu’à présent, et je désire continuer tout en leur rendant, chemin faisant, et sans qu’ils le sachent trop, tous les petits services que je puis.
A quoi, Saint-Pol-Roux répondit le lendemain :
L’excessive ardeur des Camarétois te semblera toute naturelle chez de braves gens, peu gâtés par les dieux, et que la moindre surprise heureuse enthousiasme au-delà du possible.
A ton sujet je n’ai parlé qu’avec la prudence recommandée, crois le bien, sans toutefois dissimuler ma gratitude.
J’ai simplement et textuellement dit à trois membres du Comité que, ne pouvant rien retirer de l’Odéon, puisque théâtre de l’État, tu tâcherais de nous procurer généreusement des costumes chez un costumier de Paris ou d’ailleurs.
Aussitôt cris de reconnaissance envers toi, bavardages, etc..
Je conçois tes scrupules de réserve et de tranquillité, mais rien n’ira contre. […]
Grâce à ton excellent cœur, la légère nuance historique de la Tour Dorée attirera plus de monde à Camaret : n’est-ce pas un point très important pour la fête et aussi pour le bénéfice local. Deux raisons qui t’expliquent davantage encore, de la part de tous, une reconnaissance logique et, tu le devines, respectueuse. Habitués aux déboires et parfois aux misères, les marins sont très sensibles à tous plaisirs offerts, et si gracieusement.
Avec l’aide d’Henri-Gabriel Ibels, le costumier d’Antoine à l’Odéon, Saint-Pol-Roux obtint les costumes nécessaires et la fête, malgré la pluie, fut une réussite, dont parla même la presse parisienne, Le Figaro et le Journal des débats politiques et littéraires, entre autres. En voici un extrait, tiré de ce dernier :
Le poète Saint-Pol Roux, qui passe tous ses étés à Camaret, a décidé d'illustrer les régates camarétoises, dont il a été nommé président, et qui ont lieu aujourd'hui dimanche, en commémorant cet important événement historique.
Il a imaginé, pour réaliser son idée, un éblouissant programme de fêtes, qui n'a pas manqué d'obtenir un très grand succès.
Cette "Victoire de Camaret"était personnifiée par une belle jeune fille camarétoise, Mlle Lisette Duédal, âgée de dix-neuf ans.
Portant les armes de France, elle était entourée par deux compagnes d'honneur portant l'une les couleurs d'Angleterre, l'autre les couleurs de Hollande.
Le fond décoratif sur lequel évoluait cette gracieuse trinité était constitué par des régates fleuries dans le port, celles-ci faisant face au corso fleuri du quai.
Ce qui donnait à cette fête sa véritable signification, c'est qu'elle avait été conçue dans un sens pacifique.
S.M. George V, roi d'Angleterre, a fait écrire par son ambassadeur à M. Saint-Pol Roux, pour lui témoigner sa joie personnelle de voir commémorer la journée historique du 18 juin 1694.
Les régates s’achevèrent par la récitation de poèmes, écrits pour l’occasion, par Saint-Pol-Roux, Jeanne Perdriel-Vaissière et Cœcilian, le fils aîné du Magnifique. Ces textes d’Hommage à la Victoire furent publiés en plaquette par la Dépêche de Brest.

Les premières années de Saint-Pol-Roux à Camaret furent donc actives et heureuses, les habitants bénéficiant de sa générosité personnelle et de celle, pudique, d’Antoine. Mais la guerre allait enténébrer ce bonheur, tout en renforçant l’amitié entre le directeur de théâtre et le poète.
(A suivre)

Saint-Pol-Roux & André Antoine : l'amitié de deux citoyens de Camaret (IV)

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1914-1918 : UNE AMITIÉ RENFORCÉE
Les lettres adressées à Antoine entre 1914 et 1918 sont parmi les plus nombreuses et les plus circonstanciellement intéressantes. Les deux hommes ont envoyé, chacun, dès le début du conflit, deux garçons sur le front. Saint-Pol-Roux a lui-même demandé à s’engager - "les vieux grognards ont du bon"écrit-il à Antoine - mais sans succès ; il fonde alors un journal, La France immortelle, à destination des Camarétois. Les huit numéros qu’il rédige seul contribueront à ruiner le poète. Les événements vont en effet très rapidement, à tous points de vue, affecter le Magnifique. Ainsi, l’espoir patriotique qui se lit sous la plume du poète, le 28 août 1914 : "Courage ! Nos gosses reviendront victorieux, et c’est moi qui ferai la bouillabaisse avec pour tablier un drapeau de Boche" est rapidement endeuillé par la mort de Cœcilian, tombé sur le champ de bataille à Vauquois le 4 mars 1915 ; mort suivie de près par celle d’Henri, le fils aîné d’Antoine, tué au cours de la bataille de la Somme. Saint-Pol-Roux adresse ses condoléances à son ami le 20 juin 1915 :
Dans cette époque formidablement tragique, que ces glorieux enfants se dévoilent admirables, et quel exemple de splendeur morale ne nous donnent-ils pas ?! Faite de leur sang généreux, comment veux-tu que la Victoire ne soit pas radieuse ? Ils s’en vont dans l’Immortalité, nos vaillants gosses, et nous restons à pleurer…
D’autres amis sont touchés, comme Georges Billotte, le notaire brestois du poète qui perd coup sur coup ses deux enfants, Georges et Roger. On sait que la Bretagne versa un lourd tribut humain à la France. Saint-Pol-Roux rend compte régulièrement à Antoine des pertes camarétoises. Le 20 juin 1915, "les Morts pour la Patrie à Camaret se chiffrent déjà par vingt !" ; le 20 octobre de la même année : "Camaret atteint, sinon dépasse, la trentaine" ; le 22 mai 1916 : "Ici les Morts pour la Patrie dépassent maintenant la soixantaine !"

Il renseigne également son ami assez régulièrement sur la situation économique du petit port breton et de la hausse des prix qui rendent l’existence des habitants, et la sienne, de plus en plus difficiles :
Inéluctablement, annonce-t-il à Antoine le 22 mai 1916, la vie a fort chérifié ici, mais à côté de Paris ça doit être Lavallière en regard de Jeanne Bloch. Néanmoins voici un vague aperçu :
Charbons (les 50 kilos) ––– 7 fr 50 au lieu de 2 fr 50.
Pétrole (le bidon de 5 litres) ––– 3 fr 30 au lieu de 2 fr 40.
Livre de veau ––– 22 sous au lieu de 14 et 16 sous.
Livre de beurre ––– 40-46-48 sous au lieu de 25 sous (mais il tend à baisser)
Livre de vieux oignons et de vieilles carottes ––– 9 sous.
Litre de lait ––– 5 et parfois 6 sous.
Litre d’alcool à brûler––– 48 sous au lieu de 13 sous.
Kilo sucre ––– 29 sous au lieu de 16.
Et l’année suivante :
Tu dois savoir que la vie enchérit chaque jour davantage, comme partout, dans notre patelin. Hausses et difficultés diverses, cela pour ta gouverne. Un exemple : Camaret s’est trouvé sans pain hier dimanche. D’ici les moissons il n’est pas impossible que ce cas se renouvelle. Bientôt la vie sera plus coûteuse en province qu’à Paris.
Dans cette crise, Saint-Pol-Roux se plaint assez peu, alors même qu’il "nage" - ce sont ses termes - "dans un pétrin inexprimable". Et s’il demande à Antoine de lui trouver un acquéreur pour les bois de Gauguin que Segalen lui avait rapportés de Tahiti et qu’il a mis en dépôt à la galerie Bernheim, vente qui lui coûte, affectivement, beaucoup et qui prouve "l’absolue misère" dans laquelle il se trouve à cette époque, cela ne l’empêche pas de s’engager activement, sur l’initiative de son ami, pour les Orphelins de la guerre.

Les rares distractions que Saint-Pol-Roux connaît alors lui sont fournies par les tournages de films qui se multiplient à Camaret, encouragés par la politique culturelle de la France alliée à l’effort de guerre. André Antoine a d’ailleurs été engagé comme réalisateur par la société Pathé et projette de tourner Les Travailleurs de la Mer, adapté de l’œuvre de Victor Hugo. Il a parlé de son projet à Saint-Pol-Roux qui lui apporte son aide de résident :
Ton idée est excellente, lui écrit-il le 22 mai 1916, de profiter de l’été pour tourner ici. Seulement, conseil important, arme-toi d’une autorisation des ministères de la Marine et de la Guerre pour ta troupe aux papiers bien en règle, aux fins d’éviter un tas de vetos, voire même d’arrestations au moindre déplacement. D’autant plus que les Travailleurs de la Mer et la Roche-aux-Mouettes vous appelleront à des endroits quasi défendus comme le Lion, les Tas de Pois, etc. Tu n’ignores pas que les sous-marins boches paragifient non loin…
Antoine ne tournera son film que l’année suivante. Entre temps, Saint-Pol-Roux aura assisté à la réalisation de Poisson d’or, adaptation par Paul Féval fils d’un roman de son père, et dans lequel, à moins que la scène ne fût coupée au montage, apparaît le Manoir. :
M. Féval me l’ayant gentiment fait demander pour une scène extérieure de son Poisson d’or, j’ai accédé par pure camaraderie. Sa troupe se montre d’ailleurs fort polie. Cela me permit de voir opérer une troupe de ciné.
C’est au cours de l’été 1917 qu’Antoine viendra à Camaret, avec son équipe, tourner Les Travailleurs de la Mer, mais sans la comédienne Louise Marion, que Saint-Pol-Roux avait vainement tenté de faire engager par le réalisateur, prétextant que "son type brun typerait admirablement très bien dans les Travailleurs, étant presque type camarétois, à moins qu’espagnol, ce qui est kif-kif". La présentation du film à la presse parisienne aura lieu le 26 février 1918 à l’Artistic. Antoine y invitera son ami, qui fera une élogieuse critique de l’œuvre dans une lettre du 28 février :
Cher Ami, la présence de mon poilu permissionnaire et la soudaine maladie de ma femme m’ont empêché de t’écrire plus tôt l’admiration causée par ta religieuse translation des Travailleurs de la Mer. Tu as réalisé une incomparable icôno-symphonie où tout s’exprime, les vents transitoires, les pierres éternelles, les oiseaux, les poissons même, enfin la grande frissonneuse – la Mer – que dominent l’anglicane joliesse de Brabant et la beauté nazaréenne de Joubé. La classique scène de la Pieuvre eût enthousiasmé Victor Hugo. Ton chef-d’œuvre est digne du sien. Et je me rappelle, témoin parfois indiscret, ton mal terrible et charmant à te concilier, l’été dernier, les éléments si exceptionnellement rebelles alors. J’ai pensé que ces lignes du poëte camarétois te seraient agréables : elles veulent être un hommage de plus au Grand-Père, à André Antoine et à Camaret.
Malgré ces récréations cinématographiques, le bilan de la guerre sera terrible pour Saint-Pol-Roux : Cœcilian mort ; Amélie, sa femme, physiquement très-affaiblie ; une situation financière des plus précaires, aggravée par la hausse des prix et le développement militaire de la petite ville, devenue base arrière de nombreux soldats français et alliés.
On nous annonce pour ces jours-ci, écrivait Saint-Pol-Roux à Antoine le 30 mai 1917, un détachement de soldats américains amenés par des paquebots qui passèrent ce matin devant nos falaises. Ah, Camaret se transforme ! D’où réalisation prochaine de mon discours aux écoliers d’ici il y a huit ans : Camaret sera une ville américaine.
Cette situation durera plusieurs années après la fin du conflit, et l’aide d’Antoine, dont la famille ne fut pas épargnée par la tragédie, sera, en cette longue et noire période, précieuse.

(A suivre)

Saint-Pol-Roux & André Antoine : l'amitié de deux citoyens de Camaret (V)

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LES DIFFICULTÉS D’APRÈS GUERRE
L’une des solutions sérieusement envisagées par Saint-Pol-Roux pour régler ses problèmes financiers et améliorer l’état de santé de sa femme fut de vendre le Manoir et de quitter Camaret pour des cieux plus cléments. Il avait espéré, dès 1917, trouver un appartement à Paris où s’installer, mais cet espoir fut rapidement déçu. Au cours de l’année 1920, il décide d’abord de mettre en vente partie de son mobilier et de ses œuvres d’art à Drouot, aidé dans son entreprise par Jean Royère? avec le concours de Me Hubert ; puis, apprenant la vacance de la conservation du Musée des Beaux-Arts de Pau, il tente de trouver acquéreur pour le Manoir et présente sa candidature paloise. Dans ces deux entreprises, il peut compter sur l’assistance du fidèle Royère, et bien sûr, de son ami André Antoine, dont les relations dans les milieux d’influence peuvent s’avérer décisives. Le 28 septembre, Saint-Pol-Roux écrit donc à Antoine pour lui apprendre son souhait d’exil béarnais et lui demander d’appuyer sa candidature :
Outre que la destinée me pousse à vendre immeuble et meubles pour me libérer de passifs accrus par cette satanée après-guerre et pour doter un peu mes gosses auxquels il est temps de songer, il m’est indispensable de quitter un climat devenu dangereux pour ma femme dont la santé m’inquiète terriblement : son salut est dans le Soleil. Aussi – et c’est le motif de cette lettre – m’occupé-je d’aller dans le Midi. Pour cela, car il faut vivre, et des amis littéraires m’ayant avisé de la prochaine vacance de la "conservation" du Musée national de Pau (château où naquit Henri IV), je viens de solliciter ce poste de conservateur par une lettre à M. Honnorat, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Les émoluments sans être énormes (6.000 fr, je crois) pourraient me suffire avec ce qui me resterait, et l’on a le logement, cela dans un climat fort recherché par les malades, station hivernale, etc… Mais il y aura maints compétiteurs, tu penses, et des parrainages me sont archinécessaires. J’ose faire appel à ton grand renom. Ne daignerais-tu me recommander au Ministre et, par surcroît, me faire chaperonner par tes amis Léon (sic) Barthou et Léon Bérard, anciens ministres, lesquels étant béarnais, donc de là-bas, me paraissent indiqués au chapitre ? Ainsi mes chances s’accroîtraient. Mon passé littéraire et peut-être encore mon activité en Bretagne serviraient à l’occasion d’arguments utiles, de garants, comme quoi je servirais décemment Henri IV et le Béarn. Après tout les poëtes sont des sortes d’ambassadeurs à ne pas négliger tout à fait. D’Esparbès, Haraucourt, Ajalbert et autres font plus pour leurs musées que les fonctionnaires de carrière. Ceux-ci gardent, ceux-là animent, ressuscitent, prolongent. Enfin tu vois le thème à développer, si tu veux bien m’assister dans ma tentative.
Nous n’avons pas la réponse d’Antoine, mais une lettre du Magnifique, datée du 2 octobre, ne laisse aucun doute sur sa collaboration au projet. Quatre jours plus tard, Saint-Pol-Roux reçoit une lettre du cabinet du Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts lui stipulant que la demande doit être adressée directement au Maire de Pau. Le poète écrit donc à la mairie, mais ce sera pour apprendre finalement, par retour de courrier, que le musée n’est pas vacant. Encore un espoir déçu. Quelques semaines plus tard, la déception sera plus grande encore, la vente du 22 décembre à Drouot donnant un résultat bien en-deçà des espérances. Et, malgré l’implication d’Antoine, le Manoir demeurera propriété de Saint-Pol-Roux.

Plusieurs années noires suivront, les dettes succédant aux dettes, alors même que Camaret se développe avec l’essor du tourisme ; et le poète pourra prophétiser, en 1921, devant l’afflux des estivants qui "s’annoncent comme devant bonder les hôtels du quai", et les "trois vapeurs fret par jour" que : "Camaret va se lawn-tenniser, et l’auto remplacer le mouton". En 1923, un nouveau deuil frappe Saint-Pol-Roux : Amélie meurt le 4 novembre à 54 ans. Elle repose au cimetière de Camaret où fut également enterrée la première femme d’Antoine. Après avoir reçu les condoléances de son ami, le Magnifique lui adresse une belle lettre toute à la gloire de leurs amours défuntes :
Mon vieil Ami, mon adorable Amélie dort à jamais, tout près de ta chère Pauline dont la tombe reçut, par Divine, le jour des funérailles, une des gerbes du cercueil maternel, comme un bonjour entre nos deux compagnes réunies. Après, ce sera nous, nous qu’elles ont servis, consolés, aimés. Ah ! ces veillées sur la dune par une tempête effroyable qui renversait les braves gens apportant leurs prières !.. C’était Toute la Mort, en vérité, dans et sur l’exquise fille de Paris qui charma, de sa grâce jolie, toutes mes solitudes : deux ans dans les Ardennes Luxembourgeoises, sept ans dans la Chaumière où naquit ta filleule, enfin depuis vingt ans bientôt sur notre tragique falaise. Comme tu parles admirablement du "départ de nos compagnes" et de "nos couchers de soleil" ! Elles n’auront su jamais combien nous les adorions à travers nos caprices et nos égoïsmes. La mienne m’avait suivi pour servir de son sourire merveilleux mon destin de poëte, mais au fond, va, c’était moi qui marchais dans son miraculeux sillage, et je souscris à cette phrase que m’adresse le grand cœur de Rachilde : "N’aviez-vous pas, en quelque sorte, sacrifié la gloire du poëte à votre cher amour et à votre belle famille dont la France pouvait être fière !" Si, quelque jour, parmi tes "pages" du matin, où j’ai déjà noté de véritables poëmes en prose, l’occasion t’est donnée de saluer les douces compagnes des chercheurs de beauté, n’omets point celle, si modeste, dont tu fus l’illustre témoin-de-mariage : la haute fierté de sa vie. Certes, ces compagnes effacées ne mourront point puisque, insensiblement, irrésistiblement, elles s’infiltrent dans nos travaux sous des expressions variées, et que les chefs-d’œuvre ne sont faits en somme que de leurs caresses.
L’horizon de Saint-Pol-Roux, en ces années d’après-guerre, apparaît donc bien sombre ; mais il n’est pas dans la nature du poète de s’abandonner au désespoir. L’admiration que lui professe, à cette époque, la génération nouvelle en la personne d’André Breton, autour duquel s’agrègent les jeunes écrivains du mouvement surréaliste en gestation, lui laisse entrevoir un avenir plus radieux. Dans les mois qui suivent le décès d’Amélie, Saint-Pol-Roux s’impliquera davantage encore dans la vie bretonne, fondant « "Les Chevaliers de la Table Ronde", appuyant le projet de Magda Tarquis ambitieusement intitulé "La Renaissance des Métiers de Bretagne", ou plus localement, en plaidant, avec succès, la clémence auprès d’Antoine pour deux jeunes cambrioleurs d’Armor Braz "manifestement égarés, précise-t-il, par le 7e art" ; quelques années plus tard, lors d’un nouveau cambriolage, autrement plus important, de la villa de son ami, Saint-Pol-Roux n’hésitera pas à endosser le costume de Sherlock Holmes.


Parallèlement à son investissement brestois et camarétois, le poète travaille à sa Répoétique dont la première manifestation poétique majeure sera ces Litanies de la Mer que René Rougerie vient de publier. C’est une œuvre sans précédent, même si elle présente des similitudes avec certains essais simultanéistes d’avant-guerre : une synthèse verbale pour orchestre vivant qui accomplit le vœu mallarméen de "reprendre à la musique son bien". Saint-Pol-Roux dirigera sa symphonie, interprétée par 250 récitants amateurs et bénévoles, le 12 juin 1927, sur la pointe Saint-Mathieu à l’occasion de l’inauguration du monument aux Marins morts pour la France. Il ne faut pourtant pas y voir une œuvre de circonstance, essentiellement locale, car le projet du Magnifique était de la produire devant de vastes auditoires. Il s’en ouvre à Antoine le 30 avril 1926 :
Je m’occupe des répétitions d’une sorte de "symphonie verbale" que j’espère bien diriger, l’hiver prochain, au grand amphithéâtre de la Sorbonne si par le doyen Brunot et le Musée de la Parole je puis obtenir cinq cent sinon mille récitants. Créer le Verbe total, le rendre vivant, voilà le gros avènement auquel s’attachera peut-être le nom du vieux Solitaire de tes dunes.
Les répétitions à Brest sont longues et difficiles, le poète n’ayant pu réunir aucun comédien professionnel mais seulement quelques dizaines d’amateurs. La première réalisation a lieu dans la salle des concerts Sangra, le 30 juin, où elle est bien accueillie :
Cette sorte de symphonie parlée, confie-t-il à son ami, a bien marché, et l’on a fort apprécié cette tentative neuve de Verbe massif. Ce fut laborieux, car je n’avais pas de vrais professionnels, mais uniquement des bonnes volontés profondément dévouées. J’espère présenter la chose à Paris, Lyon, Genève cet hiver.
Très rapidement, Saint-Pol-Roux associe Antoine à son ambition. On se rappelle que les « "Litanies de la Mer", extrait des Pêcheurs de Sardine qui figurera dans l’œuvre nouvelle, lui fut dédiée en 1903. Il lui demande, en prévision de l’audition à la Sorbonne, une conférence qu’Antoine, bien volontiers, accepte de donner. On en a confirmation dans une lettre datée du 25 octobre : « 
Certes, je ne perds pas de vue ma séance symphonique Paris-Lyon-Genève. Pour des raisons impérieuses de finances familiales à ma disposition et aussi, ma foi, de température moins hostile, je préfère situer ce mouvement sérieux fin février pour Paris, mars pour Lyon et Genève. J’irai à Paris un mois avant pour les très méticuleuses répétitions, d’abord pupitre par pupitre, puis demi-ensemble, puis ensemble général. C’est alors que je t’apporterai mes notes sur le Verbe intégral, lesquelles serviront à étayer la conférence que tu as bien voulu me promettre. Tu auras donc un grand mois devant toi. Je ne pressentirai qu’en novembre Ferdinand Brunot, doyen des Lettres à la Sorbonne pour lui proposer cette sorte d’apothéose verbale. Ce sera neuf et, j’espère, magistral si nous pouvons réunir quelques protagonistes de marque et d’imposantes masses de récitants. Il faut une bonne fois dresser le Verbe total et vivant en face des grandes Symphonies de Beethoven et autres dieux-musiciens. Le Verbe absolu n’a pas encore existé ! Je travaille cette affaire.
On le voit, l’aventure des Litanies de la Mer s’accompagne d’une riche réflexion théorique et poétique sur le Verbe, celle-là même que développera la Répoétique. Hélas, les éternelles difficultés pécuniaires du poète vont compromettre la concrétisation de ce beau rêve qui, réalisé, aurait fait probablement sensation dans la petite République des Lettres et des Arts. En effet, « "Brunot, doyen des Lettres, à la Sorbonne" lui a appris qu’il aurait à "payer tous les frais du grand amphithéâtre (éclairage, chauffage, gardiennage, etc.) si le Recteur en dernier ressort consentait à [lui] accorder la salle" ; Saint-Pol-Roux ajoute, le 28 novembre, pour Antoine :
D’autre part, les entrées doivent être gratuites. Je réfléchis donc au chemin à prendre. D’ailleurs j’ai d’abord à travailler, ayant lâché ma symphonie depuis près de deux mois. Je verrais plutôt la séance en mai si toutefois j’obtiens la permission du Recteur et surtout la possibilité des frais, point fichtrement importants.
Antoine, plus pragmatique, lui conseillera de réserver une autre salle, moins coûteuse, celle du Trocadéro, mais Saint-Pol-Roux, qui attend la conclusion d’un héritage, prend conscience que le moment est peu propice à une tournée ; il l’avoue dans une lettre, non datée, mais probablement de décembre 1926 ou de janvier 1927 :
Il me paraît plus sage de différer à la saison prochaine l’Audition précédée de ta fraternelle conférence. La chose n’en sera d’ailleurs que mieux au point, et ce n’est pas une mince affaire, tu penses.
La suite est connue : faute de l’argent nécessaire pour financer la tournée prévue, Saint-Pol-Roux devra se contenter de donner son œuvre à Brest où il reprendra les répétitions, dès le printemps 1927, avec cinq fois plus de récitants amateurs : "gens de Brest, lycéens, lycéennes, marins de l’Armorique et du 2ème Dépôt". La création aura lieu, comme nous l’avons dit, le jour de l’inauguration du monument aux Marins morts pour la France, conçu par Quillivic, en présence de Georges Leygues. La presse, dans son ensemble, rendra compte de l’événement politique, mais en passant sous silence la "symphonie verbale" de Saint-Pol-Roux ou en ne lui accordant que de maigres lignes, lui préférant les discours officiels. Le recueillement patriotique n’avait sans doute pas favorisé l’audition de ce poème formidable qui passa, pour ainsi dire, inaperçu.

LES DERNIÈRES LETTRES

Les dernières lettres conservées confirment l’amicale intimité qui s’était établie, au fil des années et des épreuves, entre les deux "citoyens de Camaret". Saint-Pol-Roux continue de veiller sur les villas d’Antoine et de suivre, à distance, sa carrière de journaliste et d’homme de théâtre ; il entreprend une nouvelle œuvre, Un soleil sur des épaules, qu’il destine à son ami, quand il apprend que Rothschild vient de le nommer directeur du Théâtre Pigalle. Il voit souvent André-Paul, son fils, avec qui il effectuera une randonnée automobile dont le poète fera le récit poétique publié dans un numéro spécial de la Revue de l’Ouest en été 1932. Il vient alors de recevoir la légion d’honneur, qu’Antoine, à bien des occasions, tenta de lui obtenir. Cette reconnaissance officielle, plusieurs fois espérée, est bien tardive et il s’en amuse, dans une lettre du 29 juillet : 
Cette décoration à la Mathusalem m’a valu une fort précieuse autant que nombreuse réception de messages charmants et quelques âneries dans de pauvres canards, âneries qui me courent après depuis 40 ans et m’ont par là-même rajeuni.
L’ultime lettre conservée, adressée par Saint-Pol-Roux à Antoine, date du 7 mars 1935, alors que ce dernier a vendu ses deux maisons de Camaret et villégiature désormais du côté de Brest. Elle constitue un beau témoignage de cette vieille amitié. Comme à son habitude, le poète y évoque les difficiles conditions climatiques :
Nous venons ici d’éprouver des tempêtes à côté desquelles ta tempête du Roi Lear n’est qu’un mécanique amusement de Noël. Tout sautait, tout s’enlaçait, tout dansait… ah si encore il y avait eu de jolies jambes comme dans votre Cité, mais il n’y a jamais de jolies jambes quand il faudrait sur notre dune, hélas !..
Il le renseigne sur l’état de ses désormais anciennes propriétés :
Tes deux villas n’ont tout de même pas flanché. Dans notre chagrin de leur cession nous avons toutefois la consolation de les voir en bonnes mains. Alcover et Colo les habitent avec une sorte de respect, je t’assure ; pour eux ta présence y est sensible toujours, elle et lui ayant pour toi un véritable culte.
Et il termine sa lettre par un vœu qui, malgré les différends et leurs natures opposées, scelle leur belle amitié humaine :
Lundi, anniversaire de la mort de mon Cœcilian qui repose à Verdun je suis allé m’incliner devant la Stèle des Combattants au petit cimetière ; au passage (et cela généralement) j’ai offert une prière à ta chère Femme qui t’espère comme m’espère la Mienne. Sans doute n’abandonneras-tu pas cette troisième villa, la suprême ! Nous pourrons ainsi nous rencontrer plus tard dans les pensées profondes de la Nature. Le plus tard possible, n’est-ce pas, en dépit du réel plaisir que nous aurions à nous revoir…
Le vœu de Saint-Pol-Roux se réalisera. Le poète mourra le 18 octobre 1940 et le metteur en scène, trois ans plus tard, presque jour pour jour, le 19 octobre 1943. Tous deux reposent, éternels citoyens du petit port breton, au cimetière de Camaret.
Pour lire le texte de la conférence "Saint-Pol-Roux & André Antoine : l'amitié de deux citoyens de Camaret", suivez les liens ci-dessous :

Saint-Pol-Roux à l'honneur dans le dernier numéro d'Avel Gornog

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Il y a un peu moins d'un mois, est parue la dernière livraison d'Avel Gornog, jolie revue entièrement dédiée à l'histoire de la Presqu'île de Crozon, et rédigée par des passionnés, soucieux de rigueur et de qualité. Ce n° 23 composé, pour l'essentiel, d'un copieux dossier consacré à Camaret-sur-Mer, réserve naturellement une place de choix à Saint-Pol-Roux. Ainsi est-il au centre de trois des dix-sept articles qui constituent le sommaire de la livraison.

Notre ami Marcel Burel, pilier de la revue et grand connaisseur de la période bretonne du Magnifique, en a signé deux. Le premier revient sur "l'incendie de la chapelle Notre-Dame de Rocamadour" qui survint le 25 février 1910 et dévasta le bâtiment. Très engagé dans la vie camarétoise, dans ses joies comme dans ses malheurs, Saint-Pol-Roux lança des souscriptions et fut nommé président du Comité de Restauration. Marcel Burel détaille les efforts effectués par le poète et les personnalités du petit port breton pour récolter l'argent nécessaire (pas moins de 10.000 francs), et nous apprend que la générosité du Magnifique prit pour l'occasion des masques bien surprenants...

Dans son deuxième article, Marcel Burel retrace "la guerre 1914-1918 [vue] à travers la correspondance de Saint-Pol-Roux à André Antoine". Ayant ici même consacré une série de billets aux relations entre les deux hommes, je ne m'attarderai pas sur les nombreux et passionnants détails que donne l'auteur sur la façon dont se renforça l'amitié entre le poète et le metteur en scène au cours de cette période tragique, et qui font un merveilleux complément à l'article en cinq parties que je publiai l'an dernier.

Si le nom de Saint-Pol-Roux n'apparaît pas dans la longue étude de Jean-Jacques Kerdreux sur "les conserveries de Camaret", je ne l'ai pas lu avec moins d'intérêt. Car la biographie du poète n'est pas sans rapport avec l'histoire de l'industrie sardinière de Camaret. On peut même affirmer que cette dernière joua un rôle capital dans l'existence du Magnifique. On se souvient, en effet, que Saint-Pol-Roux s'installa à Roscanvel - provisoirement, pensait-il alors - afin de se documenter pour l'écriture des Pêcheurs de sardines, pièce qu'il destinait à Antoine et qui avait justement pour toile de fond la grève des patrons pêcheurs qui entendaient ainsi protester contre les bas prix pratiqués par les usiniers. L'arrivée du poète sur la pointe de la Presqu'île, à la mi-juillet 1898, coïncide justement avec la reprise du conflit social. Il est amusant de voir l'auteur de La Dame à la Faulx agir ainsi en écrivain naturaliste. Le manuscrit du premier acte du drame - le seul que nous ayons pu retrouver à ce jour - truffé çà et là de références à des articles de La Dépêche, prouve que Saint-Pol-Roux s'était également mêlé aux pêcheurs, pour qui il prend manifestement parti, afin d'en rendre le pittoresque et le langage si particulier. Il sera intéressant de relire ce premier acte en le confrontant à l'article de Kerdreux et aux documents qui l'illustre... ce que je ferai prochainement.

Pour ma part, j'ai donné à la revue, "Saint-Pol-Roux, Divine et le C.A.M. de Camaret", article qui reprend avec quelques remaniements un ancien billet, et qui prouve une nouvelle fois l'engagement du poète dans la vie camarétoise et dans la guerre. Il y est question, notamment, des relations de Saint-Pol-Roux avec les pilotes du Centre d'Aviation Maritime installé sur le Sillon. Là encore, je ne ferai pas plus de commentaires, et me contenterai d'offrir, en addendum, un document retrouvé grâce à cet excellent site sur la Presqu'île. Il s'agit d'un hommage de Saint-Pol-Roux, publié dans La Dépêche du 18 juin 1917, au lieutenant Helluin et au quartier-maître Salaun, pilote et mécanicien du C.A.M. dont l'avion s'était écrasé le 9 juin.
On l'aura compris, je recommande vivement l'acquisition et la lecture de cette riche livraison d'Avel Gornog, dans laquelle l'amateur de Saint-Pol-Roux ne manquera pas de trouver matière à enrichir sa connaissance du poète. On pourra trouver le sommaire complet du numéro et le commander sur le site de la revue : http://www.avel-gornog.fr/.

LE BULLETIN DES AMIS DE SAINT-POL-ROUX N° 5-6 VIENT DE PARAÎTRE

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Le blog cède la place au site de la Société des amis de Saint-Pol-Roux

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On aura constaté que le blog des Féeries intérieures, qui fut à l'origine d'une belle aventure, n'est plus guère enrichi depuis maintenant de longs mois. Pour autant, nos travaux sur l'oeuvre et la vie du Magnifique n'ont pas cessé. Certes, non. Mais il faut bien avouer qu'il nous est devenu difficile d'animer à la fois l'association et un blog réclamant des publications - sinon quotidiennes - au moins régulières. C'est pour cela que nous fermons définitivement aujourd'hui, dix ans après l'avoir ouverte, la porte des Féeries intérieures. Que l'on ne soit pas trop triste néanmoins, car les billets publiés demeureront accessibles ; car, surtout, si une porte vient de se fermer, une autre vient de s'ouvrir, celle du site de la Société des amis de Saint-Pol-Roux, que nous incitons tous les amateurs du poète à venir pousser. Quand le blog était un long corridor aux murs tapissés de portraits et de paysages, le site nouveau, bien qu'encore jeune, est une maison aux pièces déjà nombreuses, à l'ameublement progressif, où les visiteurs, espérons-le, aimeront flâner et s'égarer.
Le blog est mort ! Vive le site !
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